Kim Willsher in Paris
Daily Telegraph
The two elderly women acknowledged each other politely but frostily, with the same nod of the head and identical words: "Bonjour, je suis Madeleine Morès."
French detectives watching them waited for one of the grey-haired 82-year-olds to crack and give away a clue that they were not who they claimed to be.
Instead, the pensioners in their scoop-neck, flower-print frocks stood their ground, each insisting she was Madeleine Paule Hélène Morès, born on November 6, 1924, at Tellancourt, north-east France, to Albert Morès and his wife, Anna. They both produced passports, identity cards, pay slips and birth certificates to prove their claim.
Now baffled French police, who set up the strange encounter, do not know whether they are dealing with a case of identity theft, stretching back more than half a century, or an administrative blunder in which two babies were given the same name.
They say they may have to exhume the remains, buried 65 years ago, of the woman that both claim to be their mother, to find out who is the real Madeleine Morès: the bespectacled octogenarian from Vittel in the Vosges, eastern France, or her namesake from Saint-Etienne in the Loire.
The case of double identity first came to the authorities' attention two years ago, when the Madeleine from Vittel returned from Algeria, where she had moved with her husband, a railway worker, in the 1960s. She was shocked when she applied for an identity card in France – and was told it had already been issued, to a woman of the same name and details living in Saint-Etienne.
Le mystère des deux Madeleine
LE MONDE
NANCY CORRESPONDANTE
Assise à la table de la salle à manger de sa fille Aïcha, au dernier étage d'une HLM de Vittel avec vue imprenable sur la gendarmerie, l'octogénaire n'en démord pas : "La vraie Madeleine, c'est moi !" Madeleine Morès, née le 6 novembre 1924 à Tellancourt (Meurthe-et-Moselle), c'est elle. L'autre, "la Madeleine de Saint-Etienne", n'est, selon elle, qu'une usurpatrice qui vit sous son nom et touche sa pension de 514 euros mensuels depuis plus de vingt ans.
A quelques centaines de kilomètres des Vosges, l'autre Madeleine, celle de Saint-Etienne, en perd le sommeil et le manger. "C'est bien triste de finir à 80 ans avec une histoire comme ça sur le dos, soupire-t-elle. Moi je m'appelle Madeleine Morès. Quand je suis venue au monde, c'est le nom qu'on m'a donné. C'est pas moi qui l'ai choisi." Vendredi 1er septembre, Madeleine de Saint- Etienne ira consulter un avocat, parce qu'il faut bien se défendre. Tout ça la dépasse un peu. Elle a découvert que son affaire était médiatisée quand sa boulangère lui a montré le journal ! Pas facile de prouver qu'on est bien celle qu'on prétend être. Surtout quand on est une petite vieille dame modeste.
Ce tourbillon médiatico-judiciaire fatigue un peu Madeleine de Vittel et l'attriste. Elle est, avec cette autre octogénaire stéphanoise, au coeur d'une énigme qui a commencé en février 2004, quand Madeleine de Vittel est allée à la mairie pour se faire refaire une carte d'identité. Elle revenait d'Algérie, où elle avait passé trente-sept ans après avoir épousé, en 1959, Amar Fieras, dont elle s'est séparée il y a quelques années. "Je voulais faire changer mon adresse. Je suis tombée par terre quand on m'a dit qu'il y avait une Madeleine Morès qui avait renouvelé sa carte d'identité en 2001." La Madeleine en question était née à la même date qu'elle, au même endroit, dans le pays haut, de la même mère et du même père... sauf que ce n'était pas elle.
A Vittel, Madeleine étale sur la table son passeport, son livret de famille et une petite photo en noir et blanc aux bords crantés où deux jeunes filles posent, assises dans l'herbe. Cette photo, c'est son frère qui la lui a transmise quand l'affaire a éclaté. Elle date de l'époque où Madeleine était chez les soeurs, à Orléans, dans un pensionnat pour jeunes filles. Elle a 20 ans environ. Madeleine de Vittel, c'est la fille à droite sur la photo. "L'autre, c'est celle qui est à gauche." Elles ont l'air d'être des amies. "Je ne m'en souviens pas. Je ne sais pas qui c'est. C'est si loin."